MUCC - Karma

Aujourd'hui, j'ai décidé de faire une petite incursion dans le rock japonais, pas toujours très connu du grand public, mais tellement riche et éclectique. Pour cette incursion, j'ai choisi l'un de mes groupes favoris, MUCC, dont le nouvel album, Karma, est sorti en début d'année.

Pour commencer, je pense qu'il est nécessaire de présenter le groupe, qui s'est formé en 1997, et qui a déjà environ 12 albums à son actif, sans compter les différentes compilations et les live. Du point de vue musical, le groupe a longtemps été classé dans l'eroguro, un sous-genre du visual kei, lui-même descendant direct du rock glam anglo saxon. Pour faire bref, les premiers albums de MUCC sont très sombres, avec une musique tantôt hystérique, tantôt sublime, mais toujours très dépressive. Les paroles valent notamment la peine d'être traduites, tant elles sont magnifiques. En ce qui me concerne, j'ai découvert le groupe avec la sortie française de leur album Homura Uta. J'avais payé le CD assez cher (de mémoire 35 €), et la première fois que je l'ai écouté, je me suis dit quelque chose du style "Qu'est-ce que c'est que ce truc ?!!!". En bref, ma première réaction a été très négative. Seulement, vu le prix que j'avais mis dans cet album, je lui ai tout de même donné une deuxième chance, et grand bien m'en a pris. En fait, cet album est vraiment excellent, sans conteste l'un des trois meilleurs du groupe, même s'il est clairement le plus noir. J'ai ensuite découvert leur album suivant, Zekuu, que j'ai beaucoup moins aimé, et l'album Kuchiki no Tô, pour moi le meilleur album du groupe, et de très loin. Si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'y jeter une oreille lorsque vous aurez un moment. L'album est très sombre, notamment la chanson titre, sublime moment de noirceur absolue, mais on y voit poindre également pour la première fois quelques notes positives, notamment sur la chanson Monochro no Keshiki. Ces notes positives se confirmeront sur l'album Hôyoku, très bel album, généralement le préféré des amateurs de MUCC. Avant la sortie de cet album, j'avais eu la chance d'aller les voir en concert à la Locomotive pour la sortie française de l'EP 6, tout a fait dans la lignée de Kuchiki no Tô. Si j'ai un autre un conseil à vous donner, ce serait d'aller les voir la prochaine fois qu'ils passent en France, car ils sont vraiment exceptionnels sur scène. Honnêtement, c'est le meilleur concert auquel il m'ait été donné d'assister (même devant ceux de Muse, c'est pour dire). Enfin, pour finir sur l'historique, j'ai eu l'occasion de les revoir en concert pour la tournée de promotion de l'album Gokusai. Le concert était toujours aussi bon, mais l'album s'orientait beaucoup plus vers du pop-rock tout public. L'album suivant, Shion, ne m'avait pas vraiment rassuré. Sans être vraiment mauvais, il était clairement pour moi le moins intéressant du groupe. Enfin, l'album Kyuutai revenait à un rock plus classique, mais sans cette flamme caractéristique de leurs premiers albums.

Tout ça pour dire que j'attendais avec impatience le prochain album, croisant les doigts pour qu'ils reviennent à leurs premières amours. Les premiers singles ne m'ont pas du tout rassuré, mais je sais pas expérience qu'il ne faut pas toujours s'y fier. Pourtant, la première fois que j'ai écouté l'album, j'ai cru à une mauvaise blague, tant l'intro et les premières chansons cristallisaient toutes mes peurs.  Finalement, comme pour Homura Uta, il m'a fallu une deuxième écoute pour me forger une opinion plus définitive.

1 - Chemical Parade

Tout d'abord, il faut savoir que tous les albums de MUCC commencent par une intro instrumentale, qui donne le ton de l'album (à l'exception de Hôyoku, qui commence par la sublime Kagayuku Sekai). Et là, c'est la catastrophe, car cette intro est une piste électro / house, qui laisse clairement présager du pire. En fait, après quelques écoutes, j'ai fini par me prendre au jeu, et j'avoue que j'aime bien cette piste désormais, même si ce n'est pas du tout mon style musical.

2 - Falling Down (Organic Edition)

Comme on pouvait s'y attendre, l'intro est enchaînée avec Falling Down, single électro pop-rock sorti peu de temps avant l'album. J'avoue que la chanson m'avait fortement déplu en single, mais qu'elle est finalement plutôt efficace en début d'album, avec Chemical Parade. Et, contrairement à l'impression que j'avais eu à la première écoute, la chanson est finalement beaucoup plus rock qu'elle n'y paraît, avec notamment une guitare électrique très présente par moments. En bref, certainement pas la meilleure chanson de l'album, mais elle n'est tout de même pas désagréable à écouter, et elle donne le ton de la première partie de l'album.

3 - Zeroshiki

Puisque le début de l'album est orienté électro-rock, cette chanson ne fait pas exception, et pourrait même très bien être écoutée en club. Même le solo de guitare est remis au goût du jour avec des effets électro. La chanson est efficace, même si elle est en fait ultra répétitive.

4 - Chemical Parade Blue Day

La chanson commence calmement, avant que la guitare électrique n'entre en jeu et donne un rythme beaucoup plus soutenu à l'ensemble. Même si la rythmique ne semble pas donnée par une batterie, mais plutôt par une boîte à rythme, le reste de la musique est beaucoup plus rock, surtout pendant les refrains, et on sent que l'on revient tranquillement vers un rock plus classique, qui se détache de ses atours électro du début d'album. A noter que l'utilisation du violon donne une petite note d'originalité à l'ensemble.

5 - A.

On change d'univers avec cette chanson, beaucoup plus calme, même si l'on n'a pas encore tout à fait affaire à une ballade.  On a malgré tout une belle chanson, portée par les choeurs et une belle ligne de guitare acoustique. A noter que le chant de Tatsurô est particulièrement efficace sur cette chanson, notamment pendant les refrains. J'aime aussi beaucoup le solo de guitare électrique, qui s'intègre bien à l'ensemble.

6 - I Am Computer

On refait un petit passage vers l'électro-rock avec cette chanson, qui s'avère peut-être la plus réussie de l'album dans ce style. Contrairement à Falling Down, les effets électro sont ici au second plan, et la guitare électrique est clairement au premier plan pendant les couplets. Les refrains, en deux parties, sont d'abord assez planants, avant d'être beaucoup plus enlevés. En bref, une chanson de construction assez classique, mais qui est très agréable à écouter.

7 - Gou

La fin de I Am Computer s'enchaîne avec cette piste électro instrumentale, qui marque la fin de la partie électro-rock de l'album. Cette piste de transition est plutôt agréable, et elle permet de donner du corps à l'ensemble de l'album. Malgré ses 3:45, elle passe comme une lettre à la poste.

8 - Daraku

Effectivement, Gou marquait bien la fin de la partie électro-rock de l'album. On s'en rend compte dès les premières notes de Daraku, étonnante chanson rétro chantée en anglais, qui montre que MUCC est vraiment à l'aise dans tous les styles musicaux. La combinaison du piano, de la discrète ligne de batterie, et de la voix de Tatsurô est vraiment jouissive, avec une rythmique assez enlevée et une structure de chanson très travaillée. Sans conteste l'une des meilleures surprises de l'album.

9 - Circus

Comme son nom l'indique, cette chanson est un vrai spectacle, avec une trompette qui s'intègre étonamment bien à l'ensemble, et une rythmique très entraînante. On retrouve aussi la construction très travaillée des chansons, propre à MUCC, dans lesquelles il est difficile d'identifier les couplets et les refrains, mais qui pourtant s'enchaîne à merveille.

10 - Polaris

On arrive sur une première ballade, qui rappelle un peu Ame no Orchestra, c'est-à-dire une chanson assez grandiose, où s'entremêlent les instruments rock et les instruments classiques, comme le violon par exemple. Une belle chanson, mais qui manque peut-être un peu d'âme et d'originalité.

11 - Lion

On arrive sur LA chanson rock de l'album, qui s'ouvre sur un gros son de guitare électrique bien lourd, et un SatoCHI qui tape bien fort sur sa batterie. Même si le reste de l'album est de très bonne facture, il faut bien admettre qu'une chanson lorgnant un peu vers le métal fait vraiment du bien, et rappelle le MUCC d'antan. A noter que les refrains sont particulièrements réussis, avec des choeurs entonnant une mélodie que l'on a rapidement envie de fredonner.

12 - Hane

On approche de la fin de l'album, et on a droit à LA ballade qui tue. Le groupe est très fort pour les chansons mélancoliques, et le rappelle grâce à cette très belle chanson. Le refrain est notamment très efficace et le solo de guitare magnifique.

13 - Yakusoku (Original Lyric Version)

Le deuxième single issu de l'album, et la chanson la moins intéressante à mon goût. Yakusoku n'est qu'une chanson pop-rock très classique, sans originalité, qui se laisse écouter, mais s'oublie aussitôt.

14 - Freesia (Karma Edit)

On arrive à la dernière chanson de l'album, qui a également été le premier single. Autant le dire tout de suite, le single m'avait laissé complètement indifférent. Pourtant, cette chanson est devenue ma préférée de l'album. Le chant de Tatsuro est juste magnifique, et la musique nous entraîne inexorablement vers le magnifique solo de guitare qui clôture la chanson et l'album. Celui-ci, beau à pleurer, était coupé dans la version single, retirant toute l'intensité émotionnelle de la chanson. L'album ne pouvait se terminer d'une meilleure façon, rappelant que MUCC, malgré toutes ses expérimentations musicales, reste bel et bien un groupe de rock, et pas n'importe lequel.

En bref, même si je reste attaché à leurs premiers albums, celui-ci m'a réconcilié avec le groupe, qui m'avait fortement déçu sur les deux précédents albums. Même si certains sont réfractaires au japonais, je leur conseille de se faire violence et de franchir le pas, car il serait vraiment dommage que la barrière de la langue les fasse passer à côté d'un tel groupe. Mon seul regret concernant cet album sera d'avoir manqué la tournée promotionnelle de l'album...

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