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Extrait de L'Ailleurs

Pour la sortie de mon premier roman, "L'Ailleurs", je vous propose d'en découvrir le premier chapitre. Il n'est pas forcément le plus représentatif de l'ensemble de l'oeuvre, mais peut-être vous donnera-t-il envie d'en lire plus.

En tout cas, n'hésitez pas à venir jeter un oeil à la page de l'éditeur du livre "The Book Edition", dont j'ai mis le lien en bas de page.

Bonne lecture.

Chapitre 1

 La surprise est l’épreuve du vrai courage. (Aristote)

 

La première chose qui vint à l’esprit de Louis en s’éveillant fut : « Il y a quelque chose qui cloche. ». Il avait en effet l’habitude de sentir la couette moelleuse l’envelopper, le matelas épouser ses contours, et la chaleur apaisante de sa femme à ses côtés.

Rien de tout ceci aujourd’hui.

Il avait froid et une douleur lancinante montait le long de son dos endolori.

Les choses se remettaient progressivement en place dans son esprit, et son premier réflexe, avant même d’ouvrir les yeux, fut de tâter ce qui se trouvait sous lui. C’était dur, humide et froid. L’idée s’imposa d’elle-même. Il était allongé sur le sol. Il entrouvrit ses paupières et, aussitôt, ses yeux furent agressés par une vive lumière. Il les protégea à l’aide de sa main droite, le temps que ses iris règlent le problème, en contrôlant la quantité de lumière qui parviendrait à ses récepteurs oculaires.

La première chose qu’il vit fut le ciel d’un bleu à la pureté parfaite, ainsi que la cime des arbres qui le surplombaient. Il était donc dans une forêt…

Il remarqua que le sol tremblait à intervalles réguliers. Il se releva brusquement, afin de voir d’où pouvaient provenir ces vibrations. Dans un premier temps, il ne distingua rien qui puisse expliquer ce phénomène périodique. L’espacement des vibrations restait de quelques secondes, mais leur intensité augmentait sans cesse.

Il fit un tour sur lui-même, afin de faire un état des lieux. Il confirma rapidement qu’il se trouvait bien dans une forêt, assez semblable à celles dans lesquelles il allait parfois se balader le week-end avec sa femme, dans les environs de Rouen.

Mais il ne comprenait toujours pas comment il était arrivé ici…

Il leva à nouveau la tête vers le ciel et se figea, médusé.

Sous ses yeux, le bleu pur venait de laisser place à une tête de géant mécanique.

Louis trébucha sur une branche en voulant reculer. Le géant se dirigeait dans sa direction et, étant donnée sa taille, il estima qu’il n’avait plus que deux ou trois enjambées à faire pour le rejoindre et l’écraser comme un vulgaire insecte. Même les arbres les plus majestueux de la forêt lui chatouillaient à peine le nombril.

Louis Montier ne demanda pas son reste. Il se retourna et détala aussi vite qu’il le put. En fait, la dernière fois qu’il avait couru aussi vite, c’était lorsque le vieux Pajot l’avait surpris en train de faire une bataille dans ses ballots de paille, avec quelques amis, le jour de ses seize ans. Ils avaient pris leurs jambes à leur cou, alors que le fermier les poursuivait en brandissant sa fourche au-dessus de la tête et en faisant à voix haute l’inventaire de tous les noms d’oiseaux qu’il avait pu entendre au cours de sa longue vie.

Sauf que cette fois, la menace était autrement plus sérieuse que celle qu’avait pu représenter le vieux Pajot.

Le son d’arbres tombant, balayés par le géant comme s’il s’agissait de brins d’herbes, se répercuta dans toute la forêt. Il fut suivit d’une nouvelle vibration, bien plus violente que toutes celles ressenties précédemment. Montier regarda machinalement derrière lui et constata que le robot s’était considérablement rapproché de lui. Il pouvait désormais le distinguer en entier à travers la végétation. Il remarqua que le monstre était en fait un patchwork de plaques de métal et de planches de bois, et se demanda furtivement qui pouvait bien avoir construit pareil engin.

Le pied droit de la machine géante se souleva du sol et Louis fit quelques pas de côté pour ne pas se trouver à l’endroit où il retomberait. L’énorme masse de métal et de bois s’abattit à moins de cinq mètres de lui. L’impact le souleva du sol et le fit atterrir sur le dos, le souffle coupé.

L’homme se releva aussitôt, chancelant, et distingua dans le pied du géant un grand panneau de bois qui ressemblait à s’y méprendre à une porte. Intrigué, il décida d’aller la voir de plus près, avant qu’elle ne se retrouve hors de sa portée.

En s’approchant, il remarqua la présence d’une poignée sur le panneau de bois, ce qui confirmait sa première impression. Son sang ne fit qu’un tour. Il attrapa la poignée, ouvrit la porte, et se jeta à l’intérieur au moment même où le pied du robot quittait le sol.

 

Il se retrouva dans une petite pièce circulaire, totalement vide, à l’exception d’un escalier en colimaçon, dont les marches étaient alternativement composées d’une plaque de métal ou d’une planche de bois, et qui trônait au milieu de la pièce. Du plancher au plafond, celle-ci était d’un blanc immaculé, renforçant l’impression de vide.

Louis fut étonné de constater que les vibrations étaient très largement amorties une fois à l’intérieur de l’engin. Lorsque le pied dans lequel il se trouvait heurta le sol, il ne ressentit que des secousses très légères, qui n’avaient rien de comparable avec ce qu’il avait vécu quelques secondes auparavant.

Après un coup d’œil rapide à la pièce, il décida d’emprunter les escaliers afin d’aller explorer les entrailles du géant.

Il déboucha dans une nouvelle pièce circulaire, identique à la précédente, et toujours aussi vide. Il ne prit même pas la peine de s’y arrêter et monta à l’étage supérieur, pour tomber sur une pièce étant la réplique de celles des étages inférieurs. Il constata néanmoins que les pièces semblaient être de plus en plus vastes au fil de son ascension le long de la jambe du géant. Il passa son chemin, avec en tête l’idée qu’il finirait bien par tomber sur quelqu’un. Un tel monstre mécanique ne pouvait tout de même pas se mouvoir de façon autonome.

Le quatrième étage offrit le même spectacle que les précédents, et Louis décida de ne pas s’y attarder, lorsqu’il distingua une forme prostrée contre le mur.

Une femme.

Il s’approcha d’elle. Elle avait ramené ses genoux contre son visage et les maintenait dans cette position, les bras croisés sur ses tibias. Elle n’avait pas encore remarqué la présence de Montier.

-Madame, excusez-moi… commença-t-il.

La femme leva la tête et la première chose qui frappa Louis fut son regard terrifié. La deuxième chose qu’il remarqua fut la beauté indiscutable de la jeune femme. Elle avait une vingtaine d’années, les cheveux légèrement bouclés tombant sur les épaules et les traits fins. Sa peau café au lait faisait ressortir ses grands yeux verts.

-N’ayez pas peur, s’empressa d’ajouter Louis devant le regard de la jeune femme.

L’air apeuré s’estompa légèrement du joli visage et Louis tenta d’entamer la conversation.

-Comment vous appelez-vous ?

Les grands yeux verts restaient fixés sur lui, mais il n’eut aucune réponse à sa question.

-Est-ce que vous vivez ici ?

Louis interpréta l’imperceptible mouvement de tête qui accompagna sa question comme un « non ». Visiblement, la jeune femme était muette, ou elle ne désirait pas lui parler. Dans tous les cas, il était inutile de perdre son temps à essayer de discuter avec elle.

-Je vais visiter cet engin, lui dit-il. Si vous désirez me suivre, je n’y vois pas d’inconvénient.

Devant le mutisme affiché de la jeune femme, Montier tourna les talons et se dirigea vers l’escalier afin de poursuivre son exploration. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui emboîte le pas, mais fut étonné de la voir debout derrière lui lorsqu’il jeta un œil dans sa direction. Il remarqua qu’elle était un peu plus grande que lui.

Il reprit le chemin de l’escalier en colimaçon, talonné par la jeune femme qui semblait voir en lui son protecteur. Elle n’avait plus l’air de vouloir le lâcher, ce qui contrastait avec l’attitude qu’elle avait eu lors de leur premier contact, quelques secondes auparavant.

Ils atteignirent la pièce suivante, dont le décor n’apporta rien de nouveau, et poursuivirent leur progression. Les étages se succédèrent alors qu’ils remontaient le long de la jambe droite du robot. Un sentiment de lassitude s’installa rapidement, alors que le même tableau semblait défiler devant leurs yeux indéfiniment.

-On n’en voit pas le bout, lança Louis en haletant.

Il n’attendit bien entendu aucune réponse de la part de sa nouvelle compagne qui, se dit-il, avait au moins la qualité de ne pas être une bavarde invétérée.

« C’est sûr qu’elle ne devrait pas trop me saouler », pensa-t-il en souriant.

C’est avec cette pensée en tête qu’il arriva à l’étage supérieur. Il s’arrêta net, ce qui faillit surprendre la jeune femme qui le suivait. La pièce qui s’offrait à eux était toujours immaculée, mais sa superficie était au moins deux fois supérieure à celle des pièces qu’ils venaient de traverser. L’autre grande différence avec le décor qui leur avait été offert jusqu’alors était le mobilier. En effet, les étages visités le long de la jambe du géant étaient désespérément vides, alors que là, l’étage était correctement meublé.

-Je pense que nous sommes arrivés au niveau du tronc, déclara Montier, sans prendre la peine de se tourner vers sa jolie auditrice.

Une table blanche, entourée de quatre chaises assorties, trônait à proximité de l’escalier. Près de l’un des murs, une grande couche en paille était recouverte d’un drap blanc. Des étagères avaient été fixées le long du mur le moins incurvé, qui correspondait probablement à la partie dorsale du géant mécanique. Enfin, un grand panneau en bois blanc masquait une zone de la pièce. Louis décida d’aller voir de plus près ce qui pouvait bien nécessiter d’être caché de la vue d’éventuels curieux.

En passant derrière le panneau, il constata qu’il s’agissait de ce qui pourrait être qualifié de coin « salle de bains ». En fait, celui-ci était constitué d’une douche et d’un toilette. La douche, très rudimentaire, semblait alimentée par un tuyau en métal provenant des étages supérieurs. L’eau de la douche était recueillie dans une sorte de grande bassine en bois munie de quatre poignées. Louis s’imagina que la bassine devait être transportée après la toilette, afin de recycler l’eau utilisée. Le toilette était plus sommaire encore. Il s’agissait tout simplement d’un trou dans le sol. Louis se mit à genoux pour observer l’installation de plus près, et constata que le trou était bouché par une petite plaque de métal reliée à une chaîne dont l’autre extrémité pendait au-dessus de la personne satisfaisant ses besoins naturels. Il actionna cette chasse d’eau de fortune et la petite plaque de métal se releva aussitôt. Il se pencha un peu plus encore pour voir où débouchait tout ceci, et il ne fut pas plus étonné que ça de voir la forêt défiler par l’orifice.

-Pas bête, finit-il par déclarer, son inspection terminée.

Il abandonna cet étage/appartement, et décida de poursuivre l’exploration du monstre mécanique. Il reprit le chemin des escaliers, toujours suivi par son ombre muette.

L’étage suivant proposait le même appartement, agencé de la même façon.

-Il n’y a donc personne ici ?! demanda Louis.

Il se tourna vers la jeune femme.

-Je ne dis pas ça pour vous, bien sûr…

Il s’interrompit dans ses excuses car un bruit provenant de l’étage supérieur venait de se faire entendre.

 

Voilà, si vous voulez lire la suite, cliquez sur le lien suivant :

 

Le livre L\'Ailleurs
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